Une campagne pour mieux vivre au quotidien
La Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) des 3 Provinces lance une campagne d’information et de prévention dédiée à la santé environnementale. Cette thématique, encore trop méconnue du grand public, représente pourtant un enjeu crucial : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 19 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux. Or, de nombreux risques sont invisibles… mais évitables grâce à des gestes simples, souvent gratuits, à la portée de tous.
Les professionnels de santé du territoire sont unanimes : il est urgent de sensibiliser les habitants à l’impact de leur environnement sur leur santé, mais aussi sur celle des générations futures. Cette action s’inscrit pleinement dans les grandes orientations du Plan National Santé Environnement (PNSE 4) et du Plan National de Santé Publique « Priorité Prévention ».
Perturbateurs endocriniens : une menace discrète mais réelle
Au cœur de cette campagne figure la lutte contre les perturbateurs endocriniens (PE). Ces substances chimiques, présentes dans de nombreux produits de la vie courante, sont capables de dérégler le système hormonal, même à très faibles doses. Leur action est insidieuse : ils peuvent imiter, bloquer ou modifier l’action des hormones naturelles de l’organisme, influençant des fonctions aussi fondamentales que la croissance, le métabolisme, la reproduction ou le développement neurologique.
Les PE sont soupçonnés ou reconnus comme impliqués dans de nombreuses pathologies chroniques : cancers hormono-dépendants (sein, prostate), troubles de la fertilité, diabète, obésité, troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, etc. Ces pathologies apparaissent aujourd’hui de plus en plus tôt, et touchent des populations de plus en plus larges.
Des publics particulièrement vulnérables
Certains moments de la vie sont particulièrement sensibles à l’exposition aux perturbateurs endocriniens (PE) et aux polluants environnementaux. C’est pourquoi la vigilance doit être renforcée pour les publics suivants :
- Les femmes enceintes ou en désir de grossesse : durant la grossesse, le fœtus est extrêmement sensible à toute perturbation hormonale. Les PE peuvent passer la barrière placentaire et avoir un impact durable sur le développement du cerveau, du système reproducteur ou du métabolisme de l’enfant à naître. Même avant la conception, l’environnement chimique peut influencer la qualité des gamètes.
- Les jeunes enfants (jusqu’à 7 ans) : les premiers mois et années de vie sont une période de construction intense du cerveau et des organes. L’exposition à des PE à cette étape peut avoir des effets irréversibles. Par ailleurs, les enfants sont davantage exposés : ils portent plus souvent les objets à la bouche, rampent au sol, respirent plus rapidement et mangent plus proportionnellement à leur poids.
- La période de la puberté : il s’agit d’un autre moment de vulnérabilité hormonale. Une exposition aux PE peut perturber la maturation sexuelle, favoriser une puberté précoce ou au contraire retardée, et avoir des effets à long terme sur la fertilité ou le risque de développer certaines pathologies à l’âge adulte.
Pour ces raisons, réduire l’exposition des femmes enceintes, des enfants et des adolescents est une priorité absolue. Cela ne passe pas par la culpabilisation, mais par la diffusion d’informations claires et accessibles, et l’adoption progressive de gestes protecteurs.
Des gestes simples pour un quotidien plus sain
Inspirée des travaux de WECF, de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, de l’Inserm et d’autres institutions de référence, la CPTS propose des conseils concrets pour limiter l’exposition aux polluants et perturbateurs endocriniens dans plusieurs domaines du quotidien.
En cuisine
- Choisissez des ustensiles sans plastique : préférez l’inox, le verre ou le bois. Évitez les récipients en plastique pour réchauffer vos aliments, notamment au micro-ondes.
- Évitez les revêtements antiadhésifs abîmés : ils peuvent contenir des substances fluorées toxiques.
- Stockez vos aliments dans des contenants en verre ou en inox, et non dans des boîtes plastiques anciennes ou douteuses.
À la maison
- Aérez au moins 10 minutes par jour, été comme hiver. L’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur.
- Limitez les parfums d’intérieur, encens et bougies parfumées, qui émettent des composés organiques volatils (COV).
- Nettoyez avec des produits simples : vinaigre blanc, savon noir, bicarbonate. Évitez les produits multi-usages industriels trop parfumés ou désinfectants.
Dans la salle de bain
- Lisez les étiquettes des cosmétiques : méfiez-vous des ingrédients comme les parabènes, le phénoxyéthanol, le triclosan ou les PEG.
- Moins de produits, c’est souvent mieux : optez pour des formules simples, et limitez les crèmes, parfums, déodorants complexes.
- Évitez les produits parfumés pour bébés : un nettoyage doux à l’eau et au savon neutre suffit.
Dans la chambre et les vêtements
- Lavez les vêtements neufs avant de les porter : cela permet d’éliminer les résidus de teintures et traitements chimiques (anti-froissage, anti-mites, etc.).
- Choisissez des textiles certifiés (Oeko-Tex, GOTS) quand cela est possible.
- Aspirez régulièrement les sols, en particulier si vous avez un jeune enfant qui joue par terre.
Bricolage et aménagement
- Utilisez des peintures et vernis sans solvants ou à faible teneur en COV.
- Privilégiez le bois brut ou certifié, évitez les panneaux de particules qui relâchent du formaldéhyde, un cancérogène reconnu.
- Évitez les meubles neufs très odorants dans les chambres d’enfant : laissez-les aérer plusieurs jours avant usage.
Un changement progressif, accessible à tous
Cette campagne n’a pas vocation à faire peur ni à culpabiliser. L’idée n’est pas d’être parfait, mais de s’engager pas à pas vers un quotidien plus sain. Comme le dit si bien le mot d’ordre de la campagne :
Un polluant en moins, c’est une chance de plus pour votre santé.
La CPTS des 3 Provinces se mobilise pour vous accompagner dans cette démarche : des ateliers, des rencontres, des supports d’information adaptés seront progressivement proposés sur le territoire.
Pour aller plus loin
- Guides pratiques – WECF France
- Dossier « Perturbateurs endocriniens » – Inserm
- Guide Santé Environnement – ARS Nouvelle-Aquitaine
Ensemble, protégeons notre santé, dès aujourd’hui, et pour les générations futures.
La santé environnementale est l’affaire de tous.