Le 4 juin dernier, la CPTS des 3 Provinces a organisé un webinaire consacré au Dossier Médical Partagé (DMP). Objectif : faire connaître cet outil encore trop peu utilisé, malgré son rôle central dans la coordination des soins. Médecins, infirmiers, pharmaciens, professionnels du domicile, CPAM… 31 professionnels ont participé à cet échange riche et concret. Pour ceux qui n’ont pas pu y assister, retour sur les points clés.
DMP ou Mon Espace Santé : quelle différence ?
Depuis la mise en place de Mon Espace Santé (MES), chaque citoyen dispose automatiquement d’un espace numérique de santé, sauf refus explicite. Cet espace comprend plusieurs volets : messagerie sécurisée, agenda santé, catalogue d’applications… et le DMP, qui en est le cœur médical.
➡️ Le DMP est un espace numérique sécurisé, destiné exclusivement aux professionnels de santé autorisés.
➡️ Mon Espace Santé, quant à lui, est consultable par le patient et peut contenir des informations qu’il a lui-même ajoutées (carnet de vaccination, traitements, documents personnels, etc.).
Le patient garde la main sur son DMP : il peut choisir de masquer certains documents, refuser leur ajout, ou activer un mode « bris de glace » en cas d’urgence vitale.
Comment utiliser le DMP ?
L’alimentation du DMP peut se faire de deux manières :
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Directement depuis votre logiciel métier, si celui-ci est compatible.
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Via le portail web du DMP, accessible avec votre carte CPS.
Chaque professionnel peut y déposer des comptes rendus, bilans, lettres, traitements, ordonnances, etc., pour rendre visible l’information aux autres intervenants de la prise en charge. Cette alimentation est soumise à l’accord du patient, mais la démarche est simplifiée : un seul consentement oral suffit pour l’ensemble du parcours.
Bon à savoir : dans notre département, les taux d’utilisation du DMP sont supérieurs à la moyenne nationale, signe d’un engagement déjà réel sur le terrain.
Pourquoi l’utiliser ? Une cohérence collective avant tout
Dans un système de santé de plus en plus fragmenté, le DMP permet de centraliser les informations utiles sur le patient, accessibles à tous les professionnels autorisés à intervenir. Cela évite les pertes d’informations, les redondances, les examens inutiles, et facilite les prises en charge coordonnées, notamment en sortie d’hospitalisation ou dans le cadre de suivis complexes.
Pourtant, des freins persistent : lenteur de l’interface, manque d’ergonomie, complexité d’usage dans certains logiciels, difficulté à s’approprier les fonctionnalités… Et surtout, un paradoxe majeur : les établissements hospitaliers alimentent le DMP automatiquement, mais leurs professionnels n’ont pas encore accès à sa consultation.
Malgré cela, l’enjeu reste essentiel. Utiliser le DMP, c’est s’inscrire dans une logique collective, au service de la qualité des soins et du parcours patient. C’est aussi réduire la dépendance à des canaux de communication fragmentés, trop souvent centrés sur l’urgence (SMS, appels, mails non sécurisés…).
Et maintenant ?
Le webinaire a permis d’initier une dynamique locale, d’informer et d’interpeller. Il a aussi fait émerger un besoin d’accompagnement sur mesure. Plusieurs professionnels ont exprimé le souhait d’être guidés individuellement par les Délégués Numériques en Santé (DNS) de la CPAM, notamment pour paramétrer leur logiciel et comprendre comment intégrer le DMP à leur pratique quotidienne.
La CPTS des 3 Provinces continuera à accompagner cette évolution, convaincue que le DMP n’est pas un outil de plus, mais un levier structurant pour renforcer la coordination des soins sur le territoire.